Nous avons réussi. Nous avons déposé l'initiative. Sur les 126'701 signatures qui ont été apportées le 4 octobre à Berne, 126'408 sont valables d'après la déclaration de la Chancellerie fédérale faite le 7 novembre. Nous sommes nombreux à avoir signé, nous serons encore plus nombreux à aller voter!
Vous ne pouvez pas ne pas avoir entendu parlé de cette première étape réussie, car le monde entier en parle, des Etats-Unis à la Chine en passant par la Russie. De nombreux médias internationaux relaient l'information, pour n'en citer que quelques-uns : Reuters [1], le Daily Mail [2] et un reportage de Russian Television [3](vu plus de 100'000 fois en quelques jours). Dans la francophonie, de nombreux articles ont également été publiés, par exemple sur BFM [4], Le Matin [5], et la RTS a consacré un reportage dans son Journal Télévisé du soir [6].
Le monde entier a les yeux rivés sur ce petit pays au centre de l'Europe qui, grâce à la démocratie directe, peut ouvrir la voie vers un revenu de base. Un pays qui a la chance de pouvoir mettre au centre du débat public et politique un sujet radical, qu'aucun parti politique installé n'aurait le courage de proposer. Le monde entier nous regarde. D'ici deux ou trois ans, les citoyens suisses vont voter sur le revenu de base. Ils seront les premiers citoyens du monde à répondre à cette question : voulez-vous un revenu de base? Voulez-vous que les besoins de base de chacun soient satisfaits, sans condition?
L'image et les vidéos de ce moment historique continuent de faire le tour du monde. Un symbole fort qui marque les esprits et transmet un message clair : la Suisse est suffisamment riche pour faire qu'aucun de ses citoyens ne vivent dans la précarité. Dit autrement : ce n'est pas une question d'argent, mais une question de choix. Nous produisons suffisamment de richesse pour assurer le minimum vital à chacun. Et c'est à nous de répondre, en tant que peuple, aux questions posées par cette proposition : quelles activités méritent d'être reconnues par un revenu? Chacun de nous mérite-t-il le droit de vivre décemment, sans condition? Chacun peut-il librement choisir son activité ?
Certains ont été choqués par cette image de ces 400'000 francs suisses brillant sur le sol. Pourtant, au travers de cet acte, nous n'avons finalement fait qu'interroger de manière un peu grandiloquente les symboles centraux dans nos vies que sont l'argent et le travail. Le défi était de se faire entendre, c'est chose faite. Est-il choquant de remettre en question la place centrale occupée par la marchandisation de l'activité dans notre modèle économique? Est-il choquant d'oser imaginer des solutions nouvelles pour vivre ensemble alors que le plein-emploi s'éloigne avec certitude?
Pendant presque un an, nous avons porté cette idée dans la rue, récoltant des signatures par tous les temps. Froid, canicule, neige, rien ne nous a arrêté. Nos feuilles de signatures à la main, nous étions là, déterminés à atteindre l'objectif des 100'000 signatures. Nous avons discuté, écouté les gens, entendu leur surprise, leurs doutes, et enfin leur acquiescement. Beaucoup ont été séduit par le changement proposé. Beaucoup de personnes qui habituellement ne se rendent pas aux urnes "parce que ça ne change rien" iront cette fois voter. C'est un des apprentissages de cette récolte de signatures.
Cette initiative est réellement citoyenne, car elle est portée par un mouvement de citoyens. Dans la rue, nous étions tous bénévoles, animés par la conviction et l'envie de partager, convaincus que notre société a besoin de changement, convaincus que c'est possible si chacun de nous fait sa part. Nous étions là parce que l'idée du revenu de base n'a pas d'abord à voir avec l'argent. Elle a à voir avec la vie, avec ce qu'il est important pour chacun de nous de mettre au centre de sa vie. Demander à quelqu'un s'il veut un revenu de base, c'est en fait lui demander : comment voulez-vous vraiment vivre votre vie? Qu'est-ce qui est important pour vous ? Qu'est-ce qui donne sens à votre vie? Que feriez-vous si vous aviez le choix? Ces questions importantes que l'on se pose trop rarement.
Nous avons la chance d'alimenter avec force un débat qui dépasse bien largement nos frontières. La question qui sera posée aux Suisses interpelle chaque être humain, car c'est la question à laquelle chacun aimerait pouvoir répondre.
Liens:
[1] http://www.reuters.com/article/2013/10/04/us-swiss-pay-idUSBRE9930O620131004
[2] http://www.dailymail.co.uk/news/article-2443812/Streets-Basel-paved-gold-15-TONS-cent-coins-dumped-citys-streets-protesters-demand-increased-minimum-wage.html
[3] http://www.youtube.com/watch?v=iqKkERp-ias
[4] http://www.bfmtv.com/economie/suisse-vers-un-revenu-base-2-000-euros-617134.html
[5] http://www.lematin.ch/suisse/peuple-dira-s-veut-dun-revenu-2500-francs/story/20672679
[6] http://www.rts.ch/video/info/journal-19h30/5267550-l-initiative-pour-un-revenu-de-base-inconditionnel-de-2500-par-mois-a-ete-deposee.html