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A l'aide sociale, la confiance est un gros mot !

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Si vous tombez à l'aide sociale, ou au chômage, ça peut faire mal. Vous ne serez plus considéré comme un adulte, mais comme un enfant indiscipliné à surveiller, un fraudeur à démasquer et il vous faudra prouver par moults formulaires, papiers, procédures, votre droit, votre mérite, quitte à en tomber malade (petite nature va)... C'est pas beau toute cette bureaucratie pour aider les gens à s'en sortir...?

Une petite question me taraude : ça coûte combien tout ça aux contribuables (puisqu'au fond c'est la question) tous ces gens qui contrôlent, ces usagers qui font un ulcère ou une dépression à force d'être renvoyés d'une administration à l'autre, le turnover et les burnout des assistants sociaux qui subissent la pression et flippent qu'on leur reproche d'avoir attribué trop généreusement la manne de l'aide sociale? Et si... ça dépassait largement le coût de la fraude à l'aide sociale?

Ça me fait penser à Favi, une entreprise de métallurgie (donc notez que ce ne sont pas de doux rêveurs) dont le directeur a décidé un jour, mais quelle mouche l'avait piqué, de faire confiance à ses employés, en leur donnant le pouvoir de décision et en supprimant la hiérarchie. Et qu'a-t-il entendu? Des "mais vous êtes fou, ça va ruiner votre entreprise, les gens ont besoin qu'on leur dise quoi faire et SURTOUT qu'on les surveille pour qu'ils travaillent". Eh oui, c'est bien connu, les gens sont paresseux. Et lui il avait une espèce d'idée fixe, il avait envie de croire qu'on peut faire (attention, gros mot) CONFIANCE. Espèce de baba, va. Alors, chez Favi, les employés, en plus d'arrêter de pointer et de pouvoir s'auto-organiser en petites équipes, n'ont plus eu à demander l'autorisation pour se servir du matériel auparavant gardé dans une pièce toujours fermée à clé et sous la surveillance du contremaître par précaution... car quelqu'un aurait pu voler quelque chose. Nouvelle réaction : "MAIS, on risque de voler du matériel à l'entreprise, de vous voler en fait, de voler les investisseurs, les clients... Imaginez toutes ces pertes qu'il faudra répercuter sur les coûts des services au client." Favi, il a naïvement dit quelque chose comme : "si je considère qu'il faut garder le matériel sous clé, je décrète en fait que tout le monde est un voleur dans mon entreprise. Vous vous rendez compte de ce que ça veut dire? Je préfère la confiance. Et admettons qu'il y ait un peu de vol... je devrais me méfier de tout le monde pour une personne qui va un jour emporter quelque chose et ne pas le ramener? Je préfère faire confiance à mes employés plutôt que de payer quelqu'un ou un système pour les surveiller, qui de toute façon coûterait tout aussi cher qu'un peu de vol, et même certainement plus, en terme financier. Et je suis sûr d'une chose : cela nous coûterait tous beaucoup plus cher en terme de confiance, d'ambiance de travail, de créativité, de plaisir à être ensemble au service de notre mission." Et toc!

Si on en revient à l'aide sociale (et au chômage dans une certaine mesure...), en plus d'imaginer l'argent investi pour fliquer les gens, imaginez tous ces coûts qu'on ne peut chiffrer de manière comptable, le coût de la méfiance généralisée dans une société, l'ambiance délétère que cela crée entre les gens, cette manière, sous prétexte de traquer le fraudeur, de rendre les personnes a priori suspectes et du coup coupables d'être à l'aide sociale et de ne pouvoir gagner leur vie.

Les mesures qui renforcent la méfiance, en pointant du doigt ceux qui sont considérés comme parasites, ceux qui "prennent l'argent des autres", éloignent encore un peu plus de la possibilité de sortir de cette aide sociale, car elles détruisent l'estime de soi et la confiance qu'on peut apporter quelque chose à la société. L'état et les administrations publiques n'ont-ils pas le devoir d'être un peu plus éclairé sur les conditions sociales qu'ils créent, le climat social qu'ils encouragent, l'impact de leurs mesures sur les personnes suivies ? Lorsqu'on stigmatise les plus faibles, ceux qui n'ont pas les moyens ou le courage de s'organiser en groupe pour faire défendre leurs droits et qui passent leur temps et leur énergie à justifier leur situation, à flipper qu'on leur retire 200.- à la fin du mois, pas 200.- pour aller au théâtre, non juste pour bouffer, ou payer ses impôts, un truc nécessaire ou obligatoire, on crée quoi comme réalité sociale?

 

Moi, je rêve, (c'est mon petit côté métallurgiste), qu'on fasse confiance, qu'on respecte les gens, leur vie privée, leurs difficultés et que le mot "aide" de l'expression aide sociale reprenne vraiment son sens. Je rêve qu'on pose la question aux personnes qui arrivent à l'aide sociale ou à ceux qui pourraient s'y retrouver ou à ceux qui sont au chômage : à quoi devrait ressembler l'aide sociale (le chômage) pour qu'elle vous aide à en sortir? De quoi avez-vous besoin pour donner une nouvelle impulsion à votre vie? Un truc positif, soutenant, quoi. Plutôt qu'on te pousse à choisir une formation qui ne sert déjà plus à rien dans le marché de l'emploi, pour cocher une jolie case sur le formulaire de la liste des tâches de ton AS. 

Pour ceux qui auraient des doutes, vous pouvez lire l'article  paru dans 24 heures sur la chasse aux abus dans le canton de Vaud. http://www.24heures.ch/vaud-regions/La-chasse-aux-abus-met-le-social-sous-pression/story/16696152

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