Figure de proue de la démocratie suisse, Andreas Gross représente notre pays au Conseil de l’Europe et siège au Conseil national en tant que représentant du canton de Zurich. Il fut l’un des co-fondateurs de l’initiative populaire «Pour une Suisse sans armée», proposition que beaucoup qualifièrent à l’époque d’absurdité, voire de monstruosité, à l’image de l’initiative pour un revenu de base inconditionnel aujourd’hui. Lors de la votation populaire sur l’initiative «Pour une Suisse sans armée», un tiers des voix approuva la proposition visant à démanteler l’armée suisse, emblème sacré de la Confédération d’autrefois, ce qui eut l’effet d’un coup de massue. Or depuis, l’armée a beaucoup perdu en importance. Ainsi en va-t-il de la démocratie. Certes, cette initiative fut rejetée, mais elle produisit néanmoins de nombreux changements, dus à l’effet de surprise provoqué par le taux important de votes en sa faveur.
On peut dire qu’Andreas Gross est un phare de la démocratie, qu’il défend corps et âme, tout comme par ses actions. Aussi étions-nous intrigués de ce qu’il dirait des liens entre revenu de base et démocratie : « Le revenu de base inconditionnel contribue à la démocratisation de la démocratie. Certains sont d’avis qu’il faudrait relever les obstacles de l’initiative populaire si une proposition comme celle du revenu de base inconditionnel arrivait à passer la rampe et faire l’objet d’un débat populaire que le peuple refuse catégoriquement. Et c’est justement pour cette raison, d’après Andreas Gross, que l’initiative est importante.»
Enno Schmidt
Traduction : Elsa Hoessli
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Comment pourrait se réaliser la mise en application du RBI
dans le contexte suisse?
C'est sur ce point que vont se focaliser les réflexions sur le revenu de base ces prochaines années, aussi bien dans l'administration fédérale, que les cercles universitaires, les partis, les syndicats ou les mouvements divers.
Elisabeth Di Zuzio nous propose dans cet article un scénario de mise en application progressive du revenu de base, qui s’appuie sur le système d’assurances sociales tel qu’il existe aujourd’hui. Vous y découvrirez comment ce projet novateur peut s’intégrer progressivement aux institutions existantes, en étendant le versement du revenu de base de manière progressive à toute la population, en commençant par les retraités et les jeunes. Cette mise en application progressive a l’avantage du réalisme : elle permettra d’évaluer les conséquences de sa mise en œuvre sur l’économie et la population, ainsi qu’une adaptation progressive à ce nouveau système. [+]
Voici une approche du financement du revenu de base proposée par M. Martino Rossi, économiste, ancien collaborateur de l’Institut de recherches économiques et ancien Directeur de la division de l’action sociale et de la famille du Canton du Tessin.
Il s'agit d'un exercice de simulation qui explore la possibilité de financer le RBI par une modification de la répartition primaire du revenu et indique les ordres de grandeur en jeux.
Les chiffres pris en compte sont ceux publiés par l'Office fédéral de la statistique pour l'année 2010. Les montants du revenu de base retenus pour les calculs sont de Fr. 2'280.- pour un adulte et de 1'000.- pour un mineur, soit respectivement équivalent au montant de la rente maximum de l'AVS (en 2010) et au coût de l'entretien d'un enfant reconnu par les prestations complémentaires.
Cette approche est publiée ici à titre indicatif, à fin de discussion et d'approfondissement. En tant que telle, elle n'engage que son auteur. Autant la méthode que les calculs ne représentent pas une quelconque prise de position de BIEN-Suisse.
La rédaction
Et si votre pause déjeuner de jeudi midi se passait en Inde?
Nous avons la chance d'accueillir Guy Standing à Genève. Il nous présentera les expériences pilotes de revenu de base menées en Inde entre 2010 et 2013.
Expériences pilotes de revenu inconditionnel: l’Inde se dirige-t-elle vers un changement de paradigme?
L'article de Annie Lowrey paru dans le New-York Times le 12.11.2013 enfin en français!
Cet automne, un camion déversait 8 millions de pièces devant le Parlement à Berne, une pour chaque citoyen suisse. C'était un coup de pub pour les défenseurs d'une politique sociale audacieuse qui pourrait devenir réalité dans ce petit pays riche. En même temps que les pièces de monnaie, les militants ont déposé 125 000 signatures — assez pour déclencher une votation en Suisse, cette fois sur l'introduction d'un revenu mensuel versé à chaque citoyen, sans conditions. Chaque mois, chaque personne suisse recevrait un chèque du gouvernement, que l'on soit riche ou pauvre, qu'on travaille dur ou pas, que l'on soit jeune ou vieux. La pauvreté disparaîtrait. Les économistes sont bien évidemment fortement divisés sur ce qui pourrait réapparaître à sa place — et sur le fait de savoir si un tel régime de revenu de base pourrait concerner d'autres pays moins socialistes.
La proposition est, en partie, le fruit d'un artiste allemand nommé Enno Schmidt, un chef de file dans le mouvement du revenu de base. Il sait bien que l'idée a l'air un peu folle. Lui-même le pensait lorsqu'on lui en a parlé la première fois. « Je dis aux gens de ne pas y réfléchir pour les autres, mais d’y réfléchir pour eux-mêmes » dit Schmidt. « Que feriez-vous si vous aviez ce revenu ? Qu’en serait-il si vous deviez vous occuper d'un enfant ou d'une personne âgée?" Pour Schmidt, le revenu de base assurerait dignité et sécurité aux personnes pauvres, particulièrement aux chômeurs ou aux travailleurs précaires en Europe. Cela permettrait aussi de libérer la créativité et l'esprit d'entreprise : les travailleurs suisses pourraient choisir de travailler comme ils veulent, plutôt que d'y être forcés juste pour joindre les deux bouts. Il va même jusqu'à comparer le mouvement pour le revenu de base à un mouvement pour les droits civiques, tel ceux pour le droit de vote des femmes ou la fin de l'esclavage. [+]