Je viens de regarder une vidéo du sociologue Loïc Wacquant extraite du film "Danger travail" de Pierre Carles :
Wacquant évoque la sacralisation du travail et le cloisonnement mental dont souffre l'homme, cloisonnement qui amène à croire qu'un autre système que celui qu'il connait ne peut exister.
Il souligne à quel point les médias, la presse, sont en général les soutiens de ce cloisonnement, nous abreuvant presque en permancence de la nécessité de plus de "croissance".
A voir!
Pour la plupart d'entre nous, la retraite sonne la fin du travail obligé (le fléau) et inaugue une période nouvelle, celle du travail volontaire (le bienfait). Il y a bien des exceptions, notamment si le travail obligé correspond au travail que l'on veut faire, mais elles restent assez rares.
Il est un peu triste que pour cette majorité, le bienfait du travail ne commence que si tard dans la vie et reste généralement confiné aux activités bénévoles (comme si sans rétribution, ce n'était pas un vrai travail). Le but du revenu de base inconditionnel est de mettre fin à ce fléau et de transformer toute activité payée en travail volontaire, c'est-à-dire en bienfait. Cela peut tenir soit au montant du salaire, soit à la nature du travail, mais l'apport essentiel du revenu de base est de permettre le choix.
En ce sens, le revenu de base devrait peu à peu transformer le fléau en bienfait. Les limitations du temps libre liées à un travail choisi seront acceptées parce que répondant à un but que l'on s'est fixé ou à un engagement que l'on a pris librement. C'est le sens de la liberté du travail rendue possible grâce au revenu de base, dans la mesure où ce dernier assure l'existence. Dans ces conditions, le pur "temps libre" ou "loisir" perd une bonne partie de son charme: on se fait plaisir par notre activité et non plus seulement par notre consommation.
Merci de lancer ce débat.
Je tiens à signaler un phénomène inexpliqué par la science: le changement hormonal de la retraite.
Une personne normale qui n'a pas de travail s'ennuie, tourne en rond toute la journée, boit trop d'alcool et déprime. En revanche, un retraité fait du sport, lit, s'occupe de ses petits enfants et est tout content d'avoir du temps.
Il serait intéressant de découvrir pourquoi le temps libre, fléau insupportable pour les moins de 65 ans, devient tout à coup un bienfait.
Pourquoi les habitants de la Suisse ne seraient-ils pas prêts psychologiquement pour un revenu de base ?
Déjà maintenant, un grand nombre d'entre eux reçoivent des prestations sociales qui ressemblent à un revenu inconditionnel de base, du point de vue psychologique si ce n'est du point de vue juridique et économique. Et c'est parfaitement bien accepté par les bénéficiaires comme par la population!
Par exemple les allocations familiales : elles sont dues simplement parce que l'enfant existe, elles sont versées aux riches comme aux pauvres. Personne ne s'en offusque !
Quant aux retraités, ils reçoivent une rente AVS même s'ils ont très peu cotisé. C'est un revenu presque inconditionnel, pas tout à fait, parce que le montant dépend dans une certaine mesure de la carrière professionnelle.
Nombreuses sont les personnes âgées qui reçoivent les Prestations complémentaires – une rente qui complète celle de l'AVS à concurrence du minimum vital. Ce revenu n'est pas inconditionnel, puisqu'il y a des conditions de revenu et de fortune, et que le formulaire à remplir est assez redoutable. Cependant, du point de vue psychologique, une fois que les démarches ont été faites pour l'obtenir, les Prestations complémentaires sont perçues comme un revenu inconditionnel auquel on a droit en tant que personne humaine.